Histoire de la guitare
Publié le 8 février 2012
Origine et transformations
Guitare italienne - 15ème siècle - © Ed. Payot
Quand on pense à la guitare, on fait obligatoirement allusion à l'Espagne, le pays qui a adopté cet instrument. Son répertoire est immense. Cependant, il faut tenir compte des différents instruments à cordes joués tout au long des siècles passés, et qui auront précédés la guitare actuelle et sa forme définitive.
Son existence est attestée trente-huit siècles avant notre ère. Les égyptiens la nommaient KITHARA, Les chaldéens CHETARAH, les assyriens KETHARAH, les grecs KITHARA, les arabes QUITARA. Il semble bien que le mot tire son origine du vieux persan KI-TAR (KI signifiant "trois", et TAR, "cordes").
Le luth est aussi un ancêtre, mais plus récent, joué principalement au 16ème et 17ème siècle. BACH a composé de nombreuses pièces pour luth (suites de 1 à 4). Mais, à l'époque, le luth possédait 10 cordes, donc, l'interprétation de cette musique se fait en rehaussant certaines basses d'une octave, à moins de posséder une guitare à 10 cordes.
L'âge d'or de la guitare
Guitare Carulli - 1810 - © Ed. Payot
Il y a bien eu quelques compositeurs et interprètes durant les 16ème, 17ème et 18ème siècle, mais la première moitié du 19ème est considéré comme l'âge d'or de la guitare. De grands noms ont marqués cette époque. Parmi les italiens, on peut citer Matteo CARCASSI, Ferdinando CARULLI, Dioniso AGUADO, Mauro GIULIANI. Mais le plus grand est incontestablement l'espagnol Fernando SOR. Né en 1778 à Barcelone, il a reçu une formation musicale complète : solfège, harmonie, contrepoint, orgue, piano, violoncelle et guitare. Ses études sont les plus belles, alliant musique et technique. Probablement influencé par le style musical de Mozart, il a composé les variations sur le thème de l'opéra La Flûte Enchantée.
Vers 1840, la guitare tombe de nouveau en décadence en France et dans presque toute l'Europe. Eloignée du domaine musical et artistique, sa technique piétine dans la routine, on l'utilise comme passe-temps ; les andalous la reprennent pour leur répertoire populaire exclusivement ; on lui reproche de n'être pas audible hors du silence parfait. Durant la deuxième moitié du 19ème siècle, la vie musicale sera dominé par le piano.
Malgré les améliorations morphologiques apportées à la guitare par les luthiers français et italiens (René-François de LACOTE, Luigi PANORMO), un andalou s'aperçoit que la guitare ne satisfait plus les auditeurs en groupe. C'est un menuisier natif d'Alméria, Antonio TORRES JURADO, installé à Séville en pleine période des cafés cantantes où de nombreux guitaristes flamencos se produisent. Esprit révolutionnaire, ce constructeur invente alors la guitare archétype, lui donnant ses proportions définitives et une sonorité d'une puissance incontestablement supérieure. Il dégage de la construction des guitares certaines théories, toujours en vigueur, en prouvant que la pièce principale de la guitare est la table d'harmonie et que celle-ci doit être en sapin.
Renouveau de la guitare
Guitare Torres - 1863 - © Ed. Payot
La guitare renaît au début du 20ème siècle avec Francisco TARREGA, né en 1852 à Castellon de la Plana, (Espagne), près de Valence. Il fit beaucoup pour la technique de la main droite, revalorisant l'utilisation de l'annulaire, insistant sur l'attaque appuyée (apoyando), nommée couramment le buté. Lorsqu'on lui demandait s'il était l'inventeur de l'apoyando, il répondait : "non, car Julian ARCAS l'utilisait dans les traits rapides". D'autre part, on suppose que les joueurs de flamenco s'en servaient, compte tenu de la puissance qu'ils développaient. Parmi ses compositions, on peut citer le Recuerdos de la Alhambra (souvenirs de l'Alhambra), Adelita, Alborada (aubade), dont le sous-titre est "petite boîte à musique", le Caprice arabe, et des études pour la guitare. Francisco TARREGA est mort en 1909.
Andrés SEGOVIA (1893-1987) fut le musicien dont la guitare avait besoin pour être réhabilitée dès le début du 20ème siècle. Agé de 14 ans, il se produisit en concert pour la première fois à Grenade, et fit déjà preuve d'une technique impressionnante. outre l'aisance sur son instrument, il fut un excellent interprète. Durant toute son existence, il parcourut le monde, donnant à la guitare une dimension jamais atteinte auparavant. Il fit des recherches de musique d'époques passées, transcrivit, et de nombreux compositeurs lui dédièrent des oeuvres spécialement pour la guitare : VILLA-LOBOS, RODRIGO, etc.
Narciso YEPES, décédé en 1997, a été également un des plus grands interprètes de ce siècle. Exécutant brillamment de nombreuses pièces, espagnoles ou autres, il s'est également fait connaître par la célèbre musique du film Jeux Interdits, dont la pièce la plus connue est la romance, qui est devenue depuis le symbole de la guitare classique, puisque les nouveaux élèves abordent cet instrument avec l'idée de la jouer un jour. YEPES était reconnaissable à sa guitare à dix cordes.
D'autres guitaristes se sont distingué par la suite : John WILLIAMS, Julian BREAM, anglais, Ida PRESTI et Alexandre LAGOYA. En flamenco, Paco de LUCIA, et SABICAS, entre autres, ont participé à la popularité de la guitare.
Parmi les compositeurs célèbres du 20ème siècle, Heitor VILLA-LOBOS est l'auteur de cinq préludes, dont le premier en mi mineur est le plus connu, de 12 études, difficiles pour la plupart, dédiées à Andrès SEGOVIA, le Choros n° 1, et le Concerto pour guitare et orchestre. Isaac ALBENIZ : Asturias, Rumores de la Caleta. Joaquin RODRIGO : Concerto de Aranjuez, Fantaisie pour un gentilhomme, Tonadilla, En los trigales. Enrique GRANADOS : Danses espagnoles. Agustin BARRIOS MANGORE : La cathédrale, Un sueno en la floresta, et de nombreuses autres pièces. D'autres, y compris de notre époque, se sont distingués.
Les cordes
Depuis ses origines, la guitare était montée de cordes de boyau. Elles permettaient d'obtenir une sonorité douce, mai elles étaient une source de souci constant pour les guitaristes, car, comme elles étaient fragiles, on ne pouvait guère compter sur elles. D'autre part, les sons qu'on en tirait manquaient de durée. Vers les années 1940, La guitare est équipée de cordes de nylon, plus résistante, plus performante en puissance et en durée, et d'une précision cylindrique plus grande. Au début des années 1990, SAVAREZ met au point une nouvelle fibre synthétique plus avantageuse encore, à tout point de vue. Dans les basses, la guitare reste munie de cordes filetées.
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Bibliographie
- La guitare selon SEGOVIA de Vladimir Bobri aux Editions PAYOT. Les illustrations présentées sur cette page sont tirées de ce livre.
- Quelques biographies bien documentées de grands noms de la guitare sur le site de Miren Muleman et Michel Burton.